lundi 17 janvier 2011

ANTIQUITÉ (- 3 000 à 0)



La musique est, avec la danse l’ancêtre de tous les "arts", si toutefois on admet que l’homme primitif n’a pas pu se former une conception bien claire de « l’art » à proprement dit… Malgré son ancienneté, l’histoire de la musique est, de toutes, la plus récente et la plus brève. Nous possédons des monuments de granit et de marbre, témoignages des civilisations perdues ; des poèmes, des légendes et des philosophies datant de milliers d’années; nous permettant de nous forger une image des époques les plus lointaines… Par contre, dès qu’il s’agit de la musique, nous ne disposons d’aucune preuve…


Des civilisations disparues, aucun écho musical ne nous est parvenu ; les premiers manuscrits que nous parvenons à déchiffrer irrécusablement et rendre à la vie grâce à leur transcription en notation moderne sont tous d’une date relativement récente. Tout le reste s’est perdu dans la nuit des temps.

Il m’est arrivé de lire dans un ouvrage scientifique, une comparaison ingénieuse. L’auteur y déclarait : "supposons un instant que la terre n’ait existé qu’une année, soit du premier janvier au dernier jour de décembre; si nous voulions situer l’arriver de l’homme sur terre en la dimension de cette année là, nous devrions, toutes proportions gardées, placer cet événement au 31 décembre, vers dix huit heures."
Mais ce n’est pas non plus avec la naissance du chef-d’œuvre de la création que les temps historiques débutent. Avant que l’humanité n’apparaisse en cette journée, de longues heures devront s’écouler… Enfin, c’est seulement à minuit moins cinq que l’histoire de l’humanité commence! 

Étendons cette comparaison à l’étude de la musique, afin de vous faire comprendre son incroyable brièveté; l’histoire de la musique débute donc quinze seconde avant minuit du dernier jour, de la dernière heure de cette unique et longue journée…

Comment devons-nous juger de ce fait? Devons-nous l’estimer insignifiant, ou au contraire nous enorgueillir de ces 15 secondes de jubilation et de beauté!

Si nous savons si peu de chose de la musique de l’Antiquité, c’est que le principal nous fait défaut : la musique elle-même. 

On nous en parle dans les vieux livres savants qui traitent de religions, de philosophie, de mathématiques, d’astronomie, de folklore et où la musique occupe une place prépondérante.

Les vieilles épopées, les légendes, les contes de fées de quantité de peuples en font mention. La Bible, les Sages de la Chine, les traditions hindoues contiennent de nombreuses allusions à la musique, à sa beauté, son éloquence, son essence divine, son pouvoir, sa magie !

Comment sonnait-elle cette musique? Voilà ce que personne ne sait!
Le temps qui s’est écoulé depuis nous en sépare…
Seuls les témoins de pierre peuvent nous aider à nous en approcher : monuments de pierre, monolithes, statues, bas-reliefs, plats en terre, urnes, coupe d’albâtre. Ces pierres reproduisent souvent des instruments, voire des orchestres entiers. Ces instruments, on s’est évertué à les mesurer ; on a compté les cordes des lyres et des harpes ; estimé le diamètre des embouchures des ancêtres de nos flûtes, hautbois et trompettes ; on a étudié aussi l’effet des instruments à percussion. Par-ci, par là, des fragments de quelques-uns de ces instruments ont été retrouvés dans de très anciens tombeaux des villes englouties de l’antiquité.

Nous pouvons les reconstituer, les comparer au nôtre, mais comment sonnaient-ils exactement? À quoi servait-elle cette musique du fond des âges? À distraire les auditeurs, à leur procurer des joies et des émotions? À servir un idéal ou un but matériel? À l’évocation? À la prière, à la magie, à l’invocation?

Nous ne sommes que trop tentés d’établir, à la suite des traditions poétiques, une reconstitution assez proche de notre art musical contemporain. Mais qui nous dira si ces prêtres et officiants chantaient comme les nôtres? En des édifices religieux? Le roi vainqueur était-il honoré à l'aide de fanfares orchestrales gigantesques (tel que nous le voyons décrit sur certains hauts-reliefs assyriens?).

Les esclaves de l’ancien Égypte accompagnaient-ils de chants la construction des pyramides, afin d’alléger le labeur épuisant que cela nécessitait? Comme de nos jours, il n,y a pas si longtemps, quand les haleurs de la Volga soutenaient en chantant la cadence de leur pas, ou comme dans les Caraïbes où plusieurs peuplades travaillent en se donnant du courage en chantant ou en rythmant leurs besognes.

La musique qui devait égayer les sombres palais, rythmer les danses, animer les banquets; cette musique servait-elle aux même fins que la musique de nos jours?

Les musicologues du xxème siècle se sont efforcés à tout reconstruire. La reconstitution du passé nous apprend que nous savions chanter et chantions de toujours. Du plus loin que l'on puisse remonter dans l’histoire de la musique, nous savons que dès le début on chantait. À une voix, ou en chœur, avec ou sans accompagnement d’instruments. On chantait de la musique sacrée et profane.

Quant aux vieilles théorie musicale, nous avons certes des points de repère intéressants. Un savant chinois appelé Lyng Lun, a déterminé et coordonné, vers 2 500 ans av. J.C., les cinq notes de la musique orientale. Il a composé un système pentatonique et attribua aux notes des noms étranges, car chacune d’elles reçut le nom d’une classe sociale ! de l’empereur au paysan!

Cinq notes direz-vous! Au lieu des douze dont se compose notre système actuel?!

Nous retrouvons ce système pentatonique, ainsi nommé d’après la langue grecque (penta = cinq) dans toutes les parties du monde, en Chine, au Japon, dans les Amériques, au Groenland et un peu partout en Europe… Ces cinq notes demeurent la caractéristique de l’Orient. Pour les Pays du Levant, quatre millénaires et demi, est-ce si peu?

Que de transformations les systèmes en Occident n’ont-il pas subies! Cette musique pentatonique a-t-elle été le début ou la prolongation d’un ancien système tritonal que nous trouvons encore actuellement chez certaines peuplades de l’Afrique ou des Amériques qui ont conservés de leurs traditions primitives?

Comment, de cette nuit s’est lentement dégagée la chaîne tonale, telle que nous la connaissons aujourd’hui? Les notes se sont-elles amplifiées, passant de trois à quatre, puis à cinq et enfin, via l’Hellénisme (en Grèce) passa de six à sept notes afin de constituer enfin la gamme à sept notes…

Au moyen-âge, le système d’élévation et l’abaissement des sons progressifs, destiné à en augmenter sensiblement le nombre, a finalement été réduit - par ce que nous appelons "le tempérament" - à douze notes.

Mais les Hindous, les Arabes et sans doute les Chinois ont connu d’autres systèmes, assez complexes, utilisant le quart de ton et peut-être encore le tiers de ton….

Cela dit, le développement de la gamme, l’expansion du nombre de ces notes, les innovations du côté de l’éventail des sons n’ont pas toujours été constant et peut-être cela relève t-il des divers chemins tortueux que prend l’histoire de l’humanité!

Aussi, pour faire suite à nos questionnements au sujet de l’harmonie ; il serait un peu stupide de croire que la polyphonie, (c’est à dire la musique qui comporte de plusieurs voix jouées ou chantées en même temps), n’ait été inventée qu’au moyen-âge, de sorte que durant tous ces millénaires de hautes civilisations qui le précédait, on n’aurait connu d’autres mélodies que celles chantées en monodie ou à l’unisson.

À quoi servait alors ces grands orchestres des cours royales de Ninive, de Suse, de Babylone? À quoi rime ce formidable ensemble d’instruments à vent du Temple de Jérusalem? Et ces tragédies grecques, qui ont servi d’exemple à tout notre art théâtral, avec leur sagesse profonde, leur alliage parfait de tous les arts, ces tragédies encadrées de musique, faut-il admettre qu’accompagnées de chants, l’harmonie en eût été absente? Comment oserions-nous certifier que d’autres époques furent plus pauvres que la nôtre, au point de vue musical, alors qu’en bien d’autres points elles les égalaient, quand elles ne le dépassaient pas! Pour tout dire… Qui nous garantira que durant les nombreux siècles écoulés, entre la grandeur de la Grèce et la polyphonie du moyen-âge on n’ait pas éliminé des textes anciens, quelques artefacts, démontrant l’art des harmonies…


LA MUSIQUE DANS L’ORIENT DE L’ANTIQUITÉ
De la Chine, nous l’avons dit, nous vient le premier grand théoricien de la musique, Lyng Lun (Ling Lun), qui sculpta les premières flûtes de bambou et façonna les première cloches, donna les noms suivant aux cinq notes de son système musical : Kong = l’empereur ; Chang = le ministre ; Kyo = le bourgeois ; Tchi = le fonctionnaire ; Yu = le paysan, prouvant sans doute par là que la musique était enraciné dans la vie publique comme dans les hautes sphères impériales… 

Dans l’enseignement de Confucius, une place émérite a été accordée à la musique comme moyen pédagogique et moral. Le sage oriental lui attribuait une grande vertu civilisatrice. 
Confucius ne se borna pas à réunir de vieilles mélodies, il en composa aussi quelques unes. L’hymne ancien de l’Empereur du Milieu, le « Chant de la Portée des Nuages », se rapporte à la figure légendaire de l’empereur jaune qui doit avoir régné environ 2 700 ans avant J.C.

Nous trouverons également des preuves de culture musicale aux Indes. Le livre sacré du "Sama-Veda" nous enseigne que d’après la légende antique Hindou, le dieu Brahma lui-même aurait donné à son peuple la "vina" qui, variée à l’infini, demeure l’instrument favori des Hindous, pour qui la musique est aussi importante que la "grande harmonie planétaire" et, par conséquent, l’égale de la religion.

Le plus ancien instrument connu nous vient cependant de l’île de Ceylan. Un roi légendaire "Ravana", l’inventa, il y a de cela environ 7 000 ans, et lui donna le nom de "Ravanastron". C’est l’ancêtre de tous nos instruments à cordes! Celui-ci n’en comptait que deux et l’exécution des sons qu’on en tirait, se faisait grâce à un archet en forme d’arc.

LA MUSIQUE CHEZ LES MÉSOPOTAMIENS DE L’ANTIQUITÉ
De nombreuse sculptures assyriennes, babyloniennes et persanes représentent des scènes où l’on remarque des chanteurs ou des instrumentistes. La culture musicale de l’empire sumérien, englouti en des temps reculés, semble avoir été d’un niveau très élevé. Dans les fouilles récentes de la l’ancienne capitale de l’antique Babylone, à Ur près du golfe Persique, on a retrouvé une lyre merveilleusement sculptée, qu’on estime vieille d’environs 5 000 ans!

LA MUSIQUE CHEZ LES ÉGYPTIENS DE L’ANTIQUITÉ
Sans aucun doute, les Égyptiens de l’Antiquité furent des musiciens accomplis, connaissant une vie musicale presque semblable à la nôtre ; musique religieuse tant que profane, chansons de métiers, musique de danse… Les tombes égyptiennes contiennent souvent des reproductions d’instruments de musique qui nous révèle sans conteste que ce peuple possédait des instruments à vent, à percussion et à cordes, depuis le début même de l’essor de cette grande civilisation.

Vers 2 500 av J.C. la vie musicale semble bien présente aussi en Égypte où l’on retrouve l’art du chant (solo vocal avec instruments), ballets, cérémonies funèbres; utilisant des gammes aux larges intervalles, ainsi que la pratique du chant antiphonal et responsorial.
Sous le Moyen Empire, les Égyptiens possèdent sistres, trompes et trompettes, flûtes simples ou doubles, harpes cintrés, lyres, tambourins, et autres types de percussions… La Basse Époque a connu l’utilisation des clochettes, cymbales, aulos, xylos, et on y retrouve l’orgue hydraulique! Très certainement, plusieurs percussions proviennent de l’Afrique noire, comme sans doute tambours, tamtam, et xylos (xylophone, marimba…)

À LA RECHERCHE DE LA MUSIQUE DES PHARAONS
L'absence de documents ne nous permet pas de connaître le répertoire musical de l'Égypte pharaonique. Toutefois, la plupart des travaux publiés tendent vers une même hypothèse : il existe des liens étroits entre les hymnes et les psaumes de l'Église copte et la musique de l'Égypte ancienne.

Lorsque le Christianisme s'est implanté dans la Vallée du Nil, le culte était encore pratiqué avec une certaine liberté, favorisant les influences locales. Il n'est donc pas impossible que les premières communautés chrétiennes aient repris les mélodies des temples païens en modifiant le texte qui les accompagnaient.

Quelques caractéristiques communes ont d'ailleurs été décelées. Ainsi, la musique de l'époque pharaonique comme celle de l'Église copte se sont transmises oralement. On note également aux deux époques un certain goût pour les chanteurs professionnels aveugles.

Le fameux hymne "Kyrie Eleison" pourrait trouver son origine dans une prière au dieu solaire Aton, non seulement au niveau du texte mais aussi dans sa partie musicale.


De plus, alors que les « mélismes » (plusieurs tons chantés sur une même syllabe) utilisés dans les chants orientaux, ont un caractère purement ornemental que l'on trouve également dans la musique liturgique copte, celle-ci est la seule à produire de longues vocalises chantées, faisant partie intégrante de la mélodie, dans les mêmes temps que les parties syllabiques. Ce type musical serait peut-être un vestige de la musique savante chantée dans les temples pharaoniques.

En effet, on remarque parfois dans ces mélismes certaines anomalies (un manque de syllabes chantées ou des phrases musicales ne correspondant pas au début ou à la fin des phrases écrites) qui donnent l'impression que la musique existait avant les paroles.

Cette hypothèse est renforcée par ce que disent les Anciens. Démétrius de Phalère, chef de la bibliothèque d'Alexandrie sous Ptolémée II Philadelphe, mentionne que "les prêtres chantaient à leurs dieux des hymnes à sept voyelles, ce qui produisait des sons mélodieux accompagnés d'une flûte ou à la harpe". Les écrits gnostiques d'Égypte, quant à eux, utilisent l'expression "chant des voyelles".

Pour corroborer cette théorie, Hickman donne à un signe hiéroglyphique signifiant "répéter X fois" une interprétation musicale, "une sorte de répétition rythmée d'une interjection syllabique".

Enfin, les instruments d'usage courant en Égypte pharaonique (la harpe d'abord, puis les cymbales, le tambour, la flûte et même le sistre), furent également utilisés au cours des premières cérémonies chrétiennes, assurant une certaine continuité entre la musique antique et celle de la liturgie copte.

Par contre, nous savons peu de choses des influences subies par la musique copte au fil des siècles. Cependant, la minorité chrétienne d'Égypte dut se protéger des influences islamiques, surtout dans le domaine du culte, ce qui laisse supposer que la musique liturgique a conservé une bonne part de son authenticité.

Parallèlement à une étude des chants liturgiques coptes, la musicologue hongroise Ilona Borsa s'est intéressée à la musique vivante de l'Égypte actuelle. Elle mena son enquête dans les campagnes afin d'y retrouver des vestiges de l'ancienne musique populaire. Selon elle, certaines coutumes ainsi que les musiques et les chants qui y sont attachés, semblent être restées pratiquement inchangées jusqu'à ce jour.

En effet, après la conquête de l'Égypte, la majorité des Arabes préférèrent se fixer dans les villes ou poursuivre leur vie de nomades. Ainsi, même s'ils se sont convertis à l'Islam, les fellahs ont pu conserver une partie de leurs habitudes ancestrales, surtout en Haute Égypte. Certes, leur langue a changé mais, comme pour la musique religieuse des premiers temps du Christianisme, les paroles des chansons ont très bien pu s'adapter à une mélodie existante.
Les chants, présents dans la vie quotidienne, donnent du cœur à l'ouvrage, chassent l'ennui et aident à coordonner les tâches effectuées en groupe.

Ils ponctuent chaque étape importante de la vie :

la naissance et les chants de la cérémonie de la Sibua qui a lieu le septième jour après l'arrivée de l'enfant.
la circoncision, pratiquée en Égypte depuis l'Antiquité, accompagnée de chants avant, pendant et après l'opération
la lamentation, plainte mélodieuse sur un mort, qui n'est pas sans évoquer les scènes des pleureuses retrouvées dans les tombes thébaines et mentionnées chez Hérodote et Diodore de Sicile.

Tout comme c'est le cas pour l'étude de la transcription musicale, un long chemin reste encore à faire si l'on veut découvrir un jour les rythmes et les mélodies de l'époque pharaonique. Mais des pistes sont ouvertes…


LA MUSIQUE CHEZ LES ARABES ET LES HÉBREUX DE L’ANTIQUITÉ
De l’Arabie nous viennent de très anciens instruments à cordes. Entre autre, le « kemantché », semblable au « ravanastron », et qui est constitué d’une noix de coco dévidée, formant la caisse de résonance, le plus souvent munie d’une seule corde, jouée à l’aide d’un archet étant en fait un arc tendue. Il est possible que le « Rabab » des Maures est né du kémantché et du ravanastron.. Les Maures introduisirent ensuite, le rabab en Espagne, en l’an 711 de notre ère, après lui avoir fait subir quelques modifications. Les Espagnols eux-même apportèrent des modifications au rabab et lui donnèrent le nom de « viela ». Allait évidemment en découler la viole, et la famille des violons…

Mentionnons, encore, ce peuple asiatique chez qui fleurissait la passion de la musique : les Hébreux. Ce peuple peu enclin à la sculpture ou à la peinture (la représentation plastique de la Divinité lui étant interdite par la loi de Moïse), concentra toute sa force expressive dans l’art de la poésie et de la musique.

Le chant et la musique furent en grand honneur chez les Juifs de tout temps, comme l’atteste les Livres Saints, qui sont ici les seul documents historiques à cet effet. L’histoire des Israélites fait mention de nombreux évènements musicaux….

Tubal invente les instruments sonores, Moïse chante le passage de la Mer Rouge… Jéricho tombe au son des trompettes.. Sous les Juges, Samuel fonde une école de prophètes et de musiciens…

Le roi David à son tour, organise un chœur de 4000 musiciens et chanteurs et il compose d’admirables psaumes ou cantiques, qu’il chante lui-même en s’accompagnant du psaltérion ou de la cithare…

Deux de ses rois sont devenus le symbole de cette race éprise de musique : David, toujours représenté harpe à la main, et Salomon son successeur, si réputé dans tout l’Orient pour ses connaissances artistiques que des visiteurs, parmi lesquels la Reine de Saba, venait de très loin pour entendre ses œuvres.

Le schisme et la captivité du peuple hébreu amène la décadence du culte, mais au contact des peuples étrangers la musique s’enrichit d’instruments nouveaux et d’une technique plus savante, sans arriver encore toutefois à l’harmonie…

Peu avant la destruction de Jérusalem par Titus, assure l’historien Josèphe, il y avait au service du temple, pas moins de 200 000 chanteurs avec 40 000 harpes autant de sistres et 200 000 trompettes !

Comme pour les autres peuples, la musique hébraïque servait à honorer la Divinité, à rehausser l’éclat des fêtes publiques, ou encore à exciter les passions guerrières.

LA MUSIQUE DE LA GRÈCE ANTIQUE
Les Grecs considèrent la musique comme un art éducateur propre à développer le goût de la vertu. Ils font remonter les origines de la musique à la nuit des temps. 

Selon eux, Apollon en fut l’inventeur, et Orphée, son fils, en fut le plus célèbre représentant. On dit que « rien, pas même les animaux, ne résistait aux sons harmonieux de sa lyre, que les dieux placèrent parmi les astres… Et encore, Amphion fut construit à Thèbes aux accents de sa lyre d’or : les pierres elles-mêmes lui obéissaient. »

Aux temps héroïques, Homère chante en s’accompagnant de la lyre, les exploits et les malheurs des Grecs. Ces chants réunis forment les deux immortelles épopées : l’Iliade et l’Odyssée, que les aèdes répandirent partout dans la Grèce, devenue bientôt le plus artistique des peuples de l’antiquité.

Les poèmes d’Homère mentionnent plusieurs sortes de chants : péan en l’honneur d’Apollon, chant de lamentations, d’hyménée, de vendanges, offrandes, mariages, etc… 

À l’époque d’Hésiode, les rhapsodie remplaçaient les aèdes et le chant cédait le pas à la déclamation.

Archiloque de Paros, quant à lui introduisit dans ses chansons, les vers de différentes mesures, et des notes d’ornementation qui en varient légèrement la mélodie. Deux instruments : l’aulos (longue flûte au son prolongé), et la cithare, jouissent d’une grande vogue. De véritables concerts à programme réunissait alors danseurs et musiciens virtuoses durant les fêtes publiques.

PYTHAGORE INVENTEUR DE LA GAMME DE 12 SONS
On attribue à Pythagore de Samos, qui vivait au VIème siècle avant J.C., la théorie des nombres et de l’acoustique. Partant du principe que le son est produit par l’air en vibration, il comprit que c’est la vitesse de cette vibration qui détermine le hauteur du son et que les consonances fondamentales dépendent de la division de la corde tendue. 
Le corde de la lyre fut aussi pour Pythagore, le point de départ d’une cosmogonie fondée sur le pouvoir des nombres.

POÉSIE ET MUSIQUE DE SCÈNE DANS LA GRÈCE ANTIQUE
La poésie lyrique représentée par Alcée, Sappho, Anacréon, Pindare surtout, donne naissance à une musicalité élégante basée sur des rythmes populaires. Toutes ces odes sont monodiques, c’est à dire, chantées par un seul musicien s’accompagnant lui-même.

Hymne à Némésis :

Dans la tragédie, sorte de dithyrambe dialogué, la musique occupe également une grande place. 

Eschyle n’utilise que le chœur ; Sophocle emploi de plus, les instruments et la danse ; Euripide enfin imagine un vrai drame musical avec monologues et dialogues chantés. (Aux origines de l’opéra!)

La tragédie utilise deux groupes musicaux : les chants orchestriques qui restent étrangers à l’action ; et, les cantilènes monodiques, dialogues, chœurs épisodiques, faisant partie du drame. Il y a donc des chœurs pour l’entrée, pour l’action dramatique, pour la sortie.

Ces chœurs amenèrent de grands progrès dans la musique vocale et instrumentale.


INNOVATIONS MUSICALES DES GRECS
Apparemment les Grecs ne connaissaient pas la musique à plusieurs voix de timbres différents. Le chant des femmes n’était admis ni au concert ni au théâtre. Dans les chœurs, on chante à l’unisson ou à l’octave, et les instruments ne font qu’appuyer les voix humaines. Le mouvement mélodique va de l’aigu au grave ou en échelle descendante.

La musique grecque admet trois modes qui correspondent à un caractère moral et qui se distinguent par le déplacement du point de départ et de la médiante : le mode « dorien » (grave et austère, commence à l’aigu par « mi »); le mode « ionique » (doux et langoureux, s’amorce sur le « ré »); et enfin, le mode « phrygien » (animé et bachique, débutant sur le « do »).

Nous n’avons de la musique grecque qu’un petit nombre de fragments. On sait toutefois que, plus variées que la nôtre, elle comprenait plusieurs gammes distinctes, qu’elle employait les intervalles de tiers et de quart de ton, mais qu’elle ignora l’harmonie ou l’accord de trois sons. On sait aussi qu’elle se servait, en notation musicale, des lettres de l’alphabet, droites, courbées ou renversées. D’autres signes indiquaient la durée des sons et des silences.


Plusieurs villes avait leur Odéon. Périclès en fit construire un près de l’Acropole. Ces amphithéâtres servaient pour les concours de musique, instrumentale ou de chant…

INSTRUMENTS DE MUSIQUE AU TEMPS DE LA GRÈCE ANTIQUE
À l’époque glorieuse de la Grèce antique on n’utilise guère que les instruments à cordes et à vent; les cors et les trompettes servent en temps de guerre, tandis que les instruments à percussions, tambours et cymbales ne trouvent leur emploi que dans les cultes introduits de l’Asie.


Parmi les principaux instruments de musique, il faut citer les suivants : la flûte, d’abord celle qui servait pour le chant ensuite celle qui donnait l’accompagnement; la syrinx ou flûte de Pan, à 7 tuyaux, emblème de la vie pastorale ; ensuite, la cithare, dont le nombre des cordes allaient de 6 à 40, la harpe, pratiquement telle que nous la connaissons aujourd’hui, ainsi que la harpe d’ivoire qui avait 7 cordes ; et enfin, la lyre d’accompagnement qui avait de 4 à 6 à 7 cordes d’abord et 8 cordes après les innovations de Pythagore.

Les plus célèbres flûtistes connus furent Antigénide, le percepteur d’Alcibiade, et le Thébain Timothée, qui eut un grand pouvoir sur Alexandre Le Grand. 
Théodoros trouva dans la fabrication des flûtes de quoi donner à son fils Socrate l’instruction qui en fit un grand philosophe!
Les philosophes et les sages avaient reconnu l’influence bénéfique de la musique et des éléments constitutifs, la poésie et la danse, sur la vie de l’âme. Platon dans sa « République », lui attribue le premier rang dans l’éducation des enfants et le perfectionnement du peuple. Aussi figurait-elle dans toutes les fêtes religieuses.


DÉCADENCE DES ARTS DANS LA GRÈCE ANTIQUE
Au IVème siècle, le mouvement musical et les sciences des Muses prennent moins d’importance dans la société, malgré le grand nombre d’artistes et de musiciens, il y aura de malheureuses fermetures de certains conservatoire formant des chanteurs et musiciens, et les arts ne figureront plus pour être un domaine nécessaire à la vie et à la bonne santé de l’âme.

La décadence bientôt commence et s’accentue malgré les efforts d’Alexandre Le Grand pour la stopper, comme le constate avec amertume Aristoxène de Tarente, disciple d’Aristote et le plus savant théoricien de la musique ancienne.

Pour le bon divertissement du peuple, le mime viendra remplacer la comédie et se permettra toutes les licences. 

Des villes grecques, qui sont encore des centres artistiques comme Syracuse et surtout Alexandrie, voient converger les genres de musique les plus divers. 

En 167 avant J.C., des musiciens grecs se font entendre pour la première fois à Rome, et si Rome n’est pas encore initié à toutes les subtilités des arts, les arts et la musique eux ne tarderons pas à s’y acclimater.

MUSIQUE DE LA ROME ANTIQUE
Les anciens Romains sont trop préoccupés et adonnés à la guerre pour avoir le goût ou la passion des arts. 

En musique, ils sont habituellement tributaires des étrangers, d’abord, puis des Grecs surtout, dont ils adoptent les instruments de musique auxquels ils ajoutent le « tibia », sorte d’aulos, ou flûte à deux tuyaux. Ils s’en servent aux jeu du cirque et du théâtre, et même dans les temples. Sous l’Empire, les théâtres se remplissaient pour venir entendre les chanteurs et instrumentistes…

À l’époque de Cicéron les choses commencent un peu à changer et les mœurs évoluent… Cicéron parle souvent des règles et des exigences de la musique, le peuple s’accoutume à juger les artistes, la virtuosité se développe chez les musiciens professionnels et les amateurs. 

Les familles nobles elles-mêmes s’adonnent de plus en plus à la pratique de la musique et cultivent l’art du chant avec passion. Les romains ne dédaignent pas la musique de scène, et il va de soi que les gens de bon goût se rendent aux concerts.

Auguste accorde ses faveurs au chanteur et poète Tigellius. Vesparien quant à lui traite avec libéralité les citharèdes Diodorus et Terpnus, ce dernier ayant été le maître de chant de Néron!

On sait que Néron composait des vers et concourait avec les artistes. Il donna au citharède Ménécrate un palais avec de vastes terres.

On doit aux romains un instrument nouveau, destiné à une grande fortune : l’orgue hydraulique. Ktésébios d’Alexandrie, un mathématicien de 3ème siècl avant J.C. en serait l’inventeur. 200 ans plus tard, son compatriote Héron, en fait la description, comme Vitruve le fera encore 100 ans plus après lui. L’orgue pneumatique ou à soufflets date seulement du temps d’Auguste.

Vers la fin de l’Empire, les musiciens retournent aux genres et aux procédés de l’ancienne musique classique, qui cessera d’être un art indépendant.

Proclus et Nicomaque la rattachent aux sciences, à l’arithmétique en particulier. Mais au temps de Platon, d’Aristote et de Plotin, on lui conserve son but moral et même religieux.

La décadence de l’Empire Romain suivie de l’invasion des Barbares, amena la déchéance de tous les arts… La musique et les arts trouvent refuge dans l’Église naissante, qui, après trois siècles de persécution, pouvait enfin donner grand éclat à son culte extérieur…

À Suivre dans les sections :

- MUSIQUES DE L’ÈRE CHRÉTIENNE PRIMITIVE (0 à 600)
- PRÉ-RENAISSANCE (600-1400)
- MUSIQUES DE L’ASIE

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